« Beaucoup de personnes sont fâchées avec moi – et elles ont raison »

Traduction par vegan.fr de l’article « A Lot of People Are Angry with Me–and They are Right » écrit par Gary L. Francione et publié sur son blog.

Elles sont fâchées que je sois ce qu’elles appellent un « absolutiste » qui maintient que nous ne pouvons justifier *aucune* utilisation des animaux.

Elles ont raison.

À cet égard, je suis un absolutiste – de la même façon que je suis un « absolutiste » en ce qui concerne le viol, la pédophilie et les autres violations des droits fondamentaux de l’humain. En effet, cela ne pourrait être autrement. L’absolutisme est la seule réponse moralement acceptable à la violation des droits fondamentaux, que ce soit ceux des humains ou des non­humains.

Elles sont fâchées que je rejette leur prétendue « preuve empirique » selon laquelle l’encouragement des réformes de bien-être et le refus du véganisme contribuent à aider « efficacement » les animaux et se révèlent plus « efficaces » que de soutenir le véganisme en tant qu’impératif moral.

Elles ont raison.

Il n’existe aucune preuve et leurs prétendues « études » ne sont rien de plus que ce que le Dr. Casey Taft, professeur à l’Université de Boston et expert en conception et méthodologie de recherche, appelle la « pseudoscience », que ces groupes utilisent pour servir leurs propres intérêts.

Elles sont fâchées que je considère toutes les grandes associations comme n’étant rien d’autre que des entreprises qui vendent les intérêts des animaux afin d’amasser plus de dons.

Elles ont raison.

Je suis consterné que ces associations encouragent l’exploitation « heureuse » des animaux et la réduction de la consommation de produits d’origine animale, établissent des partenariats avec des exploiteurs institutionnalisés, décernent des prix aux concepteurs d’abattoirs, et soutiennent de façon générale l’idée qu’il existe une façon « compassionnelle » d’exploiter les animaux nonhumains. Je condamne l’idée de continuer de faire du mal aux animaux dans une soi-disant « moindre » mesure, tout en récoltant des sommes colossales supposées les aider.

Elles sont fâchées que je rejette l’idée que nous ne devrions pas promouvoir le véganisme en tant qu’impératif moral, car l’important est d’avancer par « étapes » et par « petits pas », ce qui est suffisant.

Elles ont raison

Imaginez quelqu’un déclarer : « Cela m’a pris du temps d’arrêter d’être raciste. C’est pourquoi je pense que le mouvement en faveur des droits civiques devrait promouvoir l’idée qu’il est préférable que chacun apprenne l’égalité à son propre rythme. Si quelqu’un estime que la discrimination des personnes de couleur n’est pas un problème, nous ne pouvons pas émettre de jugements. Dire que l’égalité est un principe moral de base sans équivoque revient à opter pour une approche « c’est ça ou rien ». Nous avons besoin de petits pas. Démarrons avec un Lundi sans blagues racistes. »

Adopter une position différente quand les animaux nonhumains sont concernés relève tout simplement du spécisme.

Elles sont fâchées que je croie que chacun peut comprendre pourquoi le véganisme doit constituer une base morale.

Elles ont raison.

Je rejette l’idée que les « mamans célibataires » ne peuvent pas comprendre les principes moraux (comme l’a laissé entendre le groupe Viva! lors d’un récent débat à l’occasion du VegFest de Londres), que « nous avons besoin de tenir compte des limites des « gens ordinaires » parce qu’ils ne possèdent pas les « capacités morales et intellectuelles » requises » (comme l’a évoqué Ronnie Lee, fondateur de l’ALF), ou encore que les gens ne peuvent pas comprendre le message végan parce qu’il est trop « extrême » (comme l’affirment presque toutes les « associations animalistes »).

Je suis fermement convaincu qu’un grand nombre de personnes – si ce n’est la majorité – ont déjà intégré les idées morales qui peuvent les conduire au véganisme. Ce sont les grands groupes qui assurent aux gens qu’il est possible de consommer les animaux « avec compassion » qui sont problématiques, et non l’intelligence soi-disant limitée des « gens ordinaires ». Ces derniers ne sont pas le problème ; les « animalistes » sont le problème.

Elles sont fâchées que je rejette leurs campagnes ciblées faisant la promotion d’une exploitation animale nécessaire.

Elles ont raison.

Ces campagnes mettent nécessairement en avant l’idée qu’il est moralement acceptable de consommer les produits d’origine animale qui ne sont pas ciblés, perpétuant ainsi l’exploitation et l’idéologie spéciste.

Par exemple, une campagne contre le foie gras encourage forcément le public à croire que le foie gras est pire que les autres produits d’origine animale, ce qui sous-entend qu’il est moralement acceptable de consommer ces autres produits. Si cette idée n’était pas le message de la campagne, elle ne recevrait pas autant de soutiens ou de dons de la part de personnes opposées au foie gras, qui pensent que manger d’autres produits d’origine animale n’est pas problématique.

Elles sont fâchées que j’affirme que nous n’avons pas besoin de ces grandes associations animalistes et que nous devons plutôt construire un mouvement populaire sans bouton « Faire un don ».

Elles ont raison.

Le passage de l’idée de propriété animale à celle de personnalité animale ne se produira jamais tant que n’aura pas émergé un mouvement non tributaire des dons et dont les membres (par conséquent non sujets aux incitations perverses qui en découlent) véhiculeront autour d’eux (voisins, proches) la notion de véganisme comme un impératif moral.

Le regretté Nelson Mandela était persuadé que « l’éducation est l’arme la plus puissante que nous puissions utiliser pour changer le monde ».

L’éducation populaire n’a pas besoin d’associations aux poches pleines, de PDG, de directeurs, ni de boutons « Faire un don ». Elle a besoin d’individus engagés.

Comme Margaret Mead l’a jadis observé : « Ne doutez jamais qu’un petit groupe d’individus réfléchis et déterminés peut changer le monde. C’est même la seule force qui y soit jamais parvenue ».

Elles sont fâchées que je mette en parallèle droits des animaux et droits des humains.

Elles ont raison.

Je le fais depuis le début de mon travail au sein du mouvement animaliste, dans les années 1980. Nous différencions humains et non-humains et cela nous permet de violer les droits fondamentaux de tous. Il nous faut rejeter complètement la différenciation. J’admets que cette idée n’est pas favorable à ceux qui collectent des fonds, car ils souhaitent recevoir des dons de personnes racistes, sexistes, homophobes, antisémites, islamophobes, etc. Néanmoins, il s’agit d’un argument pathétique pour rejeter le lien évident entre droits humains et nonhumains.

Elles sont fâchées qu’un mouvement abolitionniste populaire émerge dans le monde entier.

Elles ont raison.

Le mouvement abolitionniste prend de l’ampleur. Et c’est précisément pourquoi elles passent autant de temps à essayer d’étouffer les idées exprimées ici et sur mon site Web. C’est également la raison pour laquelle elles réinterprètent « l’abolition » comme une notion qui favorise des réformes de bien-être, permet des campagnes ciblées ou en faveur de la réduction de la consommation de produits d’origine animale, et toutes ces autres approches qu’elles vendent, qui contribuent à dénaturer ma position, à m’attaquer personnellement et à me diffamer.

Le mouvement abolitionniste promu ici n’a aucun bureau, aucun statut de bienfaisance, aucun employé, rien du tout si ce n’est une idée. Les personnes sont libres d’accepter ou de rejeter cette idée. Les personnes sont libres de considérer comme valables ou non les arguments que j’apporte pour soutenir cette idée. Et beaucoup de personnes considèrent ces arguments comme valables et solides et adoptent une position abolitionniste.

Cela menace le business des réformes de bien-être animal et de l’exploitation « heureuse ».

Cela rend envieuses les personnes mesquines et malveillantes.

En somme, je comprends sincèrement pourquoi elles sont fâchées.

Et je considère leur réaction comme une façon de mesurer le succès de la position abolitionniste.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients, mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végan ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur distingué, membre du conseil d’administration des professeurs, Université de Rutgers

© 2015 Gary L. Francione

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