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« JE SUIS ABOLITIONNISTE ! »

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On rencontre de plus en plus de végan-e-s qui se disent abolitionnistes. Il suffit par exemple d’aller sur Facebook pour voir fleurir des dizaines de groupes de “veggies” qui se revendiquent abolitionnistes.
Le problème c’est que parmi toutes ces personnes, très peu le sont vraiment.
Pourquoi ?
La réponse est simple : elles n’ont pas la bonne définition de ce qu’est un-e abolitionniste.
Et le problème de fond, que nous trouvons très inquiétant chez vegan.fr, pourrait être présenté ainsi :
“Pour ces végan-e-s, être abolitionniste se résume à être pour l’abolition de l’exploitation animale”.

En effet, beaucoup de personnes pensent que le simple fait d’être végan-e et de vouloir la fin de l’exploitation animale suffit à se revendiquer abolitionniste.
Sauf que c’est faux.

Pour bien comprendre il faut remettre les choses dans l’ordre, revenir un peu en arrière et retracer l’arrivée de cet adjectif dans le mouvement animaliste.

Un peu d’histoire et de définitions

L’adjectif “abolitionniste” dans le contexte animaliste a été inventé à la fin des années 90 par Gary L. Francione. Qui doit maintenant être assez connu des végan-e-s.
Même si la date précise n’est pas facile à identifier, on voit les prémisses de cet adjectif vers 1996, soit il y a plus de 20 ans ! , lors de la sortie de l’un de ses livres les plus importants : Rain Without Thunder.
C’est à travers ce livre que le mouvement animaliste a été pour la première fois analysé en profondeur. On constate d’ailleurs qu’il n’a (malheureusement) pas beaucoup évolué depuis.
On y retrouve/découvre :
Les welfaristes : qui veulent changer les traitements infligés aux animaux non-humains.
Les néo-welfaristes : qui, bien que voulant mettre fin à l’exploitation animale, considèrent les réformes de bien-être ou les campagnes ciblées sur une forme d’exploitation comme des moyens d’arriver à leurs fins. C’est derrière ce terme que l’on retrouve la très grande majorité des associations animalistes françaises.
Et les abolitionnistes : qui veulent mettre fin au statut de propriété des animaux non-humains et à l’utilisation des animaux non-humains par l’homme.
En ce temps-là, Francione parlait de “rightists” plutôt que d’”abolitionists”, mais ce n’est que quelques années plus tard, en se rendant compte que les droits des animaux ne voulaient plus rien dire qu’il a préféré nommer son approche, l’approche abolitionniste pour bien se démarquer des néo-welfaristes qui utilisaient “droits des animaux” en toute occasion. Les partisans de cette approche étant bien entendu appelés…les abolitionnistes.

Donc un-e abolitionniste est une personne qui adhère à l’approche abolitionniste. Mais quelle est donc cette approche, quels en sont les prérequis ? Qu’est-ce qu’implique le fait de se dire abolitionniste ?

L’approche abolitionniste

Francione définit son approche selon 6 principes :
Principe 1 : Les abolitionnistes soutiennent que tous les êtres sensibles, humains ou nonhumains, ont un droit : le droit fondamental de ne pas être traités par d’autres comme leur propriété.
Principe 2 : La reconnaissance de ce seul droit fondamental signifie que nous devons abolir, et non pas seulement réglementer, l’exploitation animale institutionnalisée. Les abolitionnistes ne soutiennent pas les campagnes réformistes ni les campagnes ciblées sur une forme d’exploitation animale.
Principe 3 : Le véganisme est un impératif moral fondamental. L’éducation créative et non-violente au véganisme doit constituer la base même du mouvement pour les Droits des Animaux.
Principe 4 : L’Approche Abolitionniste lie le statut moral des animaux uniquement à la sentience et à aucune autre caractéristique cognitive ; tous les êtres sentients ont un droit égal à ne pas être utilisés comme ressources.
Principe 5 : Tout comme nous rejetons le racisme, le sexisme, la discrimination en fonction de l’âge et l’homophobie, nous rejetons le spécisme. L’espèce à laquelle appartient un être sensible n’est pas une raison permettant de lui refuser la protection offerte par ses droits fondamentaux, pas plus que la race, le sexe, l’âge ou l’orientation sexuelle ne sont des raisons d’exclure d’autres humains de la communauté morale.
Principe 6 : Nous considérons le principe de la non-violence comme un principe fondamental du mouvement pour les droits des animaux.

Nous avons insisté sur la dernière phrase du Principe 2, car elle nous paraît être ce qu’il y a de plus important ici. Elle révèle aussi toute cette confusion que l’on peut voir avec l’adjectif abolitionniste.
C’est écrit très clairement : une personne ne peut pas se dire abolitionniste et en même temps soutenir ou participer à des campagnes welfaristes, mais elle ne peut non plus se dire abolitionniste et en même temps soutenir ou participer à des campagnes ciblées sur une forme d’exploitation en particulier. Et ce, même si cette campagne demande l’abolition d’une forme d’exploitation (corrida, fourrure, expérimentation animale, viande, etc.)
Il est très important de faire la différence entre une personne qui se dit abolitionniste de la corrida par exemple, et une personne qui se dit abolitionniste. La première se définira ainsi uniquement dans le contexte “corrida”, la seconde dans le contexte animaliste dans sa globalité. Nous trouvons donc plus logique que l’adjectif abolitionniste fasse par défaut référence à ce dernier cas.

Il est aussi important de bien définir tous ces termes, ceci afin d’éviter d’en arriver à des discours publics erronés comme on a pu le voir récemment :

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Sur la même page twitter :
caron_admiratif_l214Ou directement sur le site de L214 :
caron_l214

Il est, nous l’espérons, clair pour tout le monde que L214 est une association néo-welfariste.
Donc peut-être que Aymeric Caron n’est pas welfariste, mais en soutenant L214, il n’est pas non plus abolitionniste.
Ce même Aymeric Caron qui dans une interview à la télévision pour son nouveau livre nous fait comprendre qu’il n’y a pas de problème à consommer des sous-produits animaux tant que ces derniers sont bien traités et ne sont pas tués. Tout en profitant pour insister sur les traitements infligés aux poules pondeuses et aux vaches laitières.
Rien à voir donc avec un discours abolitionniste qui se focaliserait sur l’utilisation des animaux non-humains plutôt que sur leur traitement.
“L’antispécisme déroute parfois les journalistes”, mais l’abolitionnisme peut lui aussi dérouter les végans.

En résumé :

  • Être abolitionniste ce n’est pas juste être pour l’abolition de l’exploitation animale, c’est se revendiquer de l’approche abolitionniste, qui a été créée pour se démarquer des stratégies welfaristes et néo-welfaristes.
  • Soutenir ou participer à des actions welfaristes ou à des campagnes ciblées sur une forme d’exploitation en particulier est incompatible avec l’approche abolitionniste.

Quelques liens :

Marc Vincent pour vegan.fr

Manifeste pour les animaux de Franz-Olivier Giesbert : un comble d’abjection

PourLesAnimaux

Les imposteurs, les pitres, les clowns, les opportunistes et les menteurs ont toujours dominé le monde politico-médiatique.

C’est grave, mais ça l’est plus encore quand des questions éthiques fondamentales sont en jeu.

Nous le constatons aujourd’hui avec la question des « droits des animaux » (expression qui ne signifie plus rien à force d’être galvaudée), devenue depuis quelque temps à la mode en France, qui tente maladroitement de combler son retard calamiteux en ce domaine.

En effet, il ne se passe pratiquement plus un jour sans qu’on tombe sur un article ou une émission qui ne traite du sujet.

Faut-il s’en réjouir pour les animaux ? Rien n’est moins sûr.

En effet, que valent les discours vides des opportunistes qui, parce que la question est, justement, à la mode, prennent le train en marche et pondent livre sur livre sans que rien de bon, rien de vrai, rien de cohérent n’en sorte jamais ?…

Dernière publication en date : le Manifeste pour les animaux dirigé par Franz-Olivier Giesbert, paru aux éditions Autrement. Une perle d’abjection.

Un beau titre engagé aussi peu en accord avec le contenu réel du livre que ne l’est celui de l’autre ouvrage de M. Giesbert consacré au même sujet, paru chez Fayard de manière simultanée : L’Animal est une personne.

Monsieur Giesbert, lorsqu’on écrit que l’animal est une personne, la moindre des choses est de traiter l’animal en personne, ce qui suppose d’abord de ne pas le consommer, comme vous le faites, à certaines sauces.

Que retirera le grand public de vos sombres incohérences, sinon un flou grandiose et dommageable à la cause que de fait vous ne défendez pas ?…

La liste des intervenants du Manifeste laisse rêveur, à commencer par son auteur : M. Giesbert se prétend végétarien militant quand il n’est donc ni l’un, ni l’autre, goûtant par exemple la chair des poulets pour vérifier s’ils sont « fermiers ».

La suite est à l’avenant :

Michel Onfray, grand amateur de produits d’origine animale devant l’éternel, et grand essentialiste pour qui la suprématie humaine ne fait aucun doute. Ses prises de position contre la chasse et la corrida sont classiques et consensuelles.

Boris Cyrulnik, homme de convictions tièdes, qui ose parler de droits des animaux alors qu’il continue de les consommer sous toutes les formes.

Elisabeth de Fontenay qui, au moyen d’acrobaties philosophiques pitoyables, s’efforce vainement de justifier son manque de courage pour devenir végane. Depuis des années on la voit aligner pieusement les absurdités dans de gros livres savants, comme cette perle parfaitement ridicule éructée lors d’une interview : « Si j’étais végétarienne, je me retrancherais de la communauté des êtres humains ». (Source)

Jean-Didier Vincent, biologiste, dont je ne sache pas qu’il soit allé loin dans la cohérence.

Isabelle Sorente, écrivaine, dont le discours timide et nuancé ne remporte pas l’adhésion, par exemple ici : http://www.vegeshopper.com/2013/10/la-romanciere-isabelle-sorente.html

Frédéric Edelstein, dompteur chez Pinder et fier de l’être.

Hugo Desnoyer, boucher et fier de l’être.

Anne-Marie Philipe, dont je ne saurais que dire étant donné que je ne la connais pas. Ce qui est certain, c’est que le monde militant ne la connaît pas non plus, ce qui augure mal de la suite.

Le fait que M. Giesbert n’hésite pas à convier, dans son livre, la parole des bourreaux Edelstein et Desnoyer (qui toucheront, en plus, leur pourcentage), est en soi hautement révélateur.

Car l’on ne donne pas la parole aux bourreaux si l’on prétend respecter leurs victimes.

Voit-on des rescapés d’un massacre humain inviter des bourreaux à disserter dans un livre afin d’y exprimer leur « point de vue » ?

Bien sûr que non.

Et moins encore deviser avec eux « joyeusement », comme il est dit dans la présentation de l’ouvrage sur le site de l’éditeur : http://www.autrement.com/ouvrage/manifeste-pour-les-animaux-franz-olivier-giesbert

La mode est dangereuse en ce qu’elle met sur le devant de la scène des imposteurs au discours parfaitement creux et contre-productif – le propre des imposteurs étant de n’avoir pas de convictions réelles, ce qui se vérifie en les lisant : leurs discours ne résistent pas à l’analyse, fût-elle même superficielle. Ils ne trompent personne, sauf les candides, qui sont légion.

Personne ne doit s’étonner de la présence du boucher Desnoyer et du dompteur Edelstein dans ce livre pathétique : au contraire, cette présence est parfaitement logique.

Voilà ce que le plus connu des moteurs de recherche fait apparaître lorsqu’on tape « Hugo Desnoyer » :

« Hugo Desnoyer
hugodesnoyer.fr/
d’Hugo Desnoyer. Respect des bêtes, respect des éleveurs, respect de l’environnement, respect de l’antique métier de boucher. « 

Tout un programme décidément.

Conclusion : absolument rien de bon ne peut sortir de l’incohérence d’un discours ni de l’opportunisme de son auteur.

Matthieu Ricard, qui vient de sortir lui aussi un Plaidoyer pour les animaux aux éditions Allary, a par exemple parlé jeudi 23 octobre sur France 5, dans l’émission « La Grande Librairie », de « l’extrémisme » (sic) dont faisaient preuve les militants cohérents : http://culturebox.francetvinfo.fr/emissions/france-5/la-grande-librairie/laurent-mauvignier-matthieu-ricard-alice-ferney-et-eric-vuillard-191989

Il a clairement exprimé son indignation quant au fait que l’on puisse comparer le sort des animaux avec des tragédies humaines comme la Shoah, ajoutant que comparer c’était insulter les victimes.

Ces gens n’aident pas les animaux ; ils les enfoncent. Par leur lâcheté intellectuelle ou intestinale (Messer Gaster ignore la compassion), leur besoin de gloire, leur absence d’implication réelle, leur spécisme constitutif et leur ignorance.

Le monde militant ne doit pas relayer les ouvrages de ces individus, mais au contraire en dénoncer l’imposture.

Le monde militant doit comprendre que la fin de l’esclavage animal passe nécessairement par le véganisme, seul mode de vie cohérent avec le respect des animaux puisqu’il les garantit de l’exploitation.

Ce n’est que par la radicalité et la cohérence de nos paroles et de nos actes que les droits des animaux seront respectés.

Le reste n’est que vanité, dans les deux sens de ce terme.

Le triomphe de l’obscène, le mépris des victimes et la défaite du mouvement

8 septembre 2011

par Méryl Pinque

La nouvelle est tombée, sans surprise : la célèbre organisation de défense animale PETA, connue pour le sexisme de ses campagnes, va ouvrir son propre site pornographique, peta.xxx. Sans ironie aucune, on peut dire que la boucle est bouclée : tout tendait vers ce but, des campagnes « I’d rather go naked than wear fur  » et « Vegetarians have better sex » aux innombrables manifestations de rue en tenue légère organisées par l’association dans le monde entier. Sur peta.xxx, des scènes pornographiques alterneront avec des images de torture animale : la chair des unes, la chair des autres, consommées à toutes les sauces du voyeurisme. Des « stars du porno » ont d’ores et déjà annoncé leur participation – hautement rémunérée, cela va sans dire. Le mélange promet d’être explosif, les recettes juteuses, et il faudra s’attendre, si ce genre d’initiative se banalise (et il semble bien que tel soit le cas) à une recrudescence notable des actes de zoophilie et de torture à caractère sexuel sur ceux-là mêmes dont on prétend défendre les droits.

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